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14e arr. de Marseille. Stop à l'injustice, respect des droits

le 26 avril 2016

Mayotte. La 101e roue du carrosse

le 23 avril 2016

Mayotte. La 101e roue du carrosse

Outre-mer. Voilà dix jours maintenant que l’on entend reparler de ce petit bout de territoire français qu’est l’île aux Parfums, dans l’archipel des Comores. Pourtant, malgré les 8.000 kilomètres…

Une île lointaine, une administration post-coloniale, une grève générale, du grabuge. Et puis subitement, la violence, le drame et l’envoi de la troupe. Alors que Mayotte se retrouve sous des projecteurs pas toujours braqués dans la bonne direction, entretien avec Nicolas Roinsard, sociologue au Cresppa(*) et spécialiste des inégalités en outre-mer.

La Marseillaise. Qu’est-ce qui vaut à Mayotte l’actualité qui nous remonte jusqu’en métropole ?

Nicolas Roinsard. Au départ, il s’agit d’un mouvement social, porté par les syndicats, ayant évolué en deux semaines vers une grève générale sur le mot d’ordre d’« égalité réelle », une notion évoquée dans l’Hexagone mais très significative dans cette île de l’océan Indien. Puis, le mouvement s’est fait déborder par une jeunesse incontrôlable, dans un contexte de hausse généralisée de la violence et de la délinquance mahoraise. En marge du conflit, un homme, métropolitain, s’est fait agresser par trois « jeunes » en allant chercher son fils à son club de judo et en est mort. Ce qui a suscité un fort émoi dans la société locale au point qu’une « marche blanche » a été organisée samedi dernier à Kaweni, où a eu lieu le drame.

La Marseillaise. Que recouvre cette revendication d’« égalité réelle » ?

Nicolas Roinsard. Mayotte, qui est devenu le 101e département français en 2011, souffre d’inégalités criantes vis-à-vis de la métropole ou des autres territoires d’outre-mer. Et ce, dans tous les domaines. Pour vous donner quelques exemples, le code du travail n’y représente que 25 % de la législation observée dans l’Hexagone et l’on y travaille toujours à 39h par semaine ; les prestations sociales -du RSA aux retraites- sont minorées de 50 à 75% et on relève 18 médecins pour 100 000 habitants, là où sur le continent ce même ratio est de 201. Par ailleurs, le chômage atteint 19% sur l’île contre 10,5% en métropole et l’illettrisme concerne quasiment 50% de la population, alors qu’il touche seulement 3,7% des métropolitains. Les Mahorais demandent donc un alignement du droit local sur le droit national.

La Marseillaise. C’est une situation peu connue, comment expliquer de si grands écarts ?

Nicolas Roinsard. Cela fait partie du rapport ambigu qu’entretient Paris avec ce territoire. L’idée a toujours été de garder une présence géopolitique et des droits maritimes dans la zone mais de différer dans le temps l’alignement de la société sur le droit commun. Nicolas Sarkozy tablait sur 25 ans, François Hollande l’a ramené à 15 ans. Un état de fait qu’avait très bien résumé en son temps Aimé Césaire au sujet des quatre autres Dom : « des départements à part et non à part entière ». Ce qui transparaît d’ailleurs dans les différentes appellations officielles de Mayotte qui se sont succédé au fil des décennies. Quand le processus de départementalisation de Mayotte a commencé, il y a 5 ans, le gouvernement a avancé ne pas vouloir déstabiliser l’économie locale, avec en filigrane, le spectre d’une démobilisation au travail car le chômage et la sous- qualification étaient importants. Mais d’une manière générale, cela participe d’une logique d’économie des dépenses de l’État, sur fond de paternalisme post-colonial qui est encore très présent à Mayotte.

La Marseillaise. Un accord a finalement été signé le 15 avril entre l’intersyndicale et la ministre des outre-mer, George Pau-Langevin. Est-ce qu’il suffira à calmer la crise ?

Nicolas Roinsard. Non, pas du tout. Les Mahorais, français de choix et qui attendaient énormément de la départementalisation, se sont toujours sentis comme des « sous-citoyens », face aux tergiversations gouvernementales. Aujourd’hui ce sentiment semble être à son paroxysme. Or, cet accord prévoit que le code du travail s’applique en 2018 et programme une revalorisation des salaires des fonctionnaires. Le reste est renvoyé à des négociations ultérieures. C’est un premier pas mais on est loin de « l’égalité réelle ». Surtout, les négociations n’ont porté que sur les questions d’ordre syndical. Rien n’a émergé concernant la situation de la jeunesse. D’ailleurs la grève, ne s’est pas éteinte, elle est suspendue.

La Marseillaise. Justement, les violences qui ont éclaté durant la contestation ne traduisent-elles pas une crise plus profonde liée à cette jeunesse ?

Nicolas Roinsard. Effectivement. Ce à quoi on assiste n’est pas un « simple » mouvement qui dégénère en fin de manifestation mais un véritablement phénomène de violence qui ressort à l’occasion de cette contestation. Et lorsque l’on regarde les chiffres de la délinquance, les jeunes en sont effectivement pour les trois- quarts les auteurs. Ce qui pose problème car Mayotte repose sur une société portée par sa jeunesse. Et là encore, le rôle de l’État est prédominant. Il y a un paradoxe particulièrement éclairant pour comprendre la situation : la jeunesse est sur-représentée dans la société -avec 50% de moins de 17 ans- alors qu’elle est sous-représentée dans les politiques publiques, tout simplement inexistantes. La seule chose qui lui est dédiée, c’est l’école, or pour beaucoup elle s’arrête à 16 ans, reste peu investie et est totalement débordée. A côté, il n’y a aucune politique de la jeunesse et là aussi, si l’on compare avec la métropole, on note une mission locale disposant en moyenne d’un conseiller pour 600 jeunes, là où en métropole, il y en a un pour 130. Idem pour les MJC,etc. Résultat, un habitant sur trois de plus de 15 ans n’a jamais été scolarisé et c’est encore le cas d’un moins de trente ans sur cinq ! Quant au chômage, dans cette classe d’âge, il atteint 60%. Comme partout le terreau de la violence urbaine c’est cette violence sociale.

La Marseillaise. Dès lors, pour vous, par quoi passe une réelle pacification de l’île ?

Nicolas Roinsard. Pour un sociologue, c’est une hérésie de voir un État abandonner sa jeunesse à pareilles inégalités. Je pense qu’une solution digne de ce nom devra passer par l’éducatif. C’est à mon sens un investissement indispensable. Il est en train de se reproduire à Mayotte ce qui s’est passé ailleurs en outre-mer : d’un côté une ruralité en déclin qui vient grossir un chômage urbain de masse ; de l’autre une transformation de l’économie vers l’emploi public trusté par les métropolitains. Un pur système de reproduction des inégalités qu’au contraire l’éducation peut enrayer : former la jeunesse locale pour lui permettre d’intégrer l’activité rémunératrice de son île.

Propos recueillis par Frédéric Dutilleul (La Marseillaise, le 23 avril 2016)

(*) Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (unité mixte de recherche 7217 du CNRS, université Paris 8 Vincennes Saint-Denis et université Paris Ouest-Nanterre).

Une rebelle française à 95% musulmane

La crise mahoraise ne peut se comprendre sans un minimum de recul historique.

Mayotte est colonisée par la France au début du XXe siècle puis devient en 1946 un territoire d’outre-mer en compagnie des trois autres îles de l’archipel des Comores. Alors que la dynamique des indépendances ébranle à son tour ce quatuor régional dans les années 60, Mayotte, en conflit avec ses trois « sœurs » s’oriente au contraire vers un séparatisme et se tourne vers la France. Ainsi, lors du référendum du 2 décembre 1974, Mayotte fait le choix de rester française à 63,8% tandis que Grande Comore, Anjouan et Mohéli goûtent le sel de la liberté.

S’en suivra des décennies de conflit géopolitique entre la nouvelle république régionale et l’Onu d’un côté -condamnant la sécession mahoraise au nom du principe fondateur de la « charte de décolonisation » d’intangibilité des frontières- et Paris et Mayotte de l’autre, revendiquant l’autodétermination des peuples.

Imbroglio

La population réitérant à maintes consultations son « oui à la France », l’« Hippocampe » finit par devenir département d’outre-mer le 31 mars 2011. Mais ni l’union des Comores, ni les Nations-unies ne reconnaissent encore aujourd’hui la souveraineté française sur l’île.

Un imbroglio d’autant plus complexe que si la défiance à l’égard des Comores reste donc un pilier fondateur de la construction politique de la société locale, les échanges culturels et migratoires se moquent eux, des frontières. La religion majoritaire, l’islam, est également un facteur de cohérence régionale indiscutable, même si Mayotte s’illustre par une conjugaison particulièrement vertueuse du Coran au regard des impératifs républicains tandis que les Comores pratiquent un islam clairement politique.

Frédéric Dutilleul (La Marseillaise, le 23 avril 2016)

La fabrique du danger

La nécessité de se pencher sur la jeunesse mahoraise est d’autant plus urgente que l’intégrisme religieux n’est pas loin rapporte Brigitte Bonin, éducatrice spécialisée qui a longtemps travaillé dans l’archipel et effectue encore aujourd’hui de nombreux allers-retours entre la Provence et l’île aux Parfums. Intervenant dorénavant auprès d’associations, elle s’alarme elle aussi d’une détérioration galopante des conditions de vie à Mayotte. Mais elle pointent également le « choc culturel » délétère qui résulte ces dernières années d’une politique d’assimilation sans nuance. « On a tellement voulu asseoir la République de force sur cette société que l’on a déstructuré son organisation, neutralisé l’autorité parentale et cassé la figure du cadi », sorte de chef-juge musulman inhérent à la société mahoraise,rapporte-t-elle. Résultat, la déshérence culturelle vient doubler la déshérence économique. Un cocktail explosif au regard « du discours fanatique » de l’ex-Président de l’union des Comores, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi qui selon elle est en train de pénétrer cette jeunesse en lieu et place de des valeurs démocratiques.

Et d’appeler, dans ce contexte particulier, à ré-associer les religieux à la dynamique sociale afin qu’ils puissent rouvrir un dialogue entre les jeunes et la République.

Frédéric Dutilleul (La Marseillaise, le 23 avril 2016)

Les derniers faits

30 mars. Mayotte est paralysée par la reprise d’une grève générale intersyndicale réclamant l’« égalité réelle ». La préfecture condamne les barrages routiers et menace.

12 avril. De premières violences urbaines secouent Mamoudzou, le chef-lieu de l’île. Le lendemain le ministère de l’Intérieur envoie des renforts policiers.

15 avril. Les représentants de l’intersyndicale, reçus à Paris, signent un accord avec le ministre des outre-mer. La grève est « suspendue ».

16 avril. Mayotte se réveille avec la gueule de bois : un « mzoungou » (un métropolitain) a été tué à coups de couteau la veille au soir par trois jeunes dans une agression crapuleuse.

19 avril. Dans le cadre d’une journée « île morte », plusieurs milliers de personnes manifestent dans les rues de Mamoudzou pour dénoncer la violence.

La Marseillaise, le 23 avril 2016

Répression. Les jeunes lycéens protestent après l’agression policière

le 26 mars 2016

Répression. Les jeunes lycéens protestent après l’agression policière

Les lycéens ont manifesté hier, devant le lycée Bergson de Paris, se disant « choqués » par les images de leur camarade frappé la veille par un policier. Un sentiment partagé en haut lieu.

Une centaine de lycéens s’est réunie dans le calme vendredi dès 8h devant le lycée Henri-Bergson, dans le XIXe arrondissement de Paris, se disant « choqués » par l’image de leur camarade frappé la veille par un policier, alors que les jeunes tentaient de bloquer leur école pour contester la loi travail. La vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, montre un jeune à terre, relevé par un policier qui crie « lève-toi ! ». Alors qu’il est en train de se relever, tenu par deux policiers ,un des fonctionnaires lui assène un coup de poing violent.

« On était devant le lycée hier (jeudi, ndlr) matin et ça se passait plutôt bien quand des CRS sont arrivés vers 9h30 », a raconté Gregor, 16 ans, élève en première et manifestant contre le projet de loi Travail. « Comme dans tous les blocus, les gens lançaient des œufs mais c’était pas de la provocation », a relativisé le jeune homme. Une délégation d’élèves du lycée Bergson, des représentants de l’organisation lycéenne Fidl, du rectorat de Paris, de la Préfecture et le Proviseur de l’établissement se sont réunis en début de matinée pour évoquer les événements. Le parquet de Paris a ouvert une enquête judiciaire, confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN) après la diffusion sur les réseaux sociaux de la vidéo de jeudi. Le Préfet de police de Paris, Michel Cadot, s’est dit vendredi « choqué ». « S’il y a eu une faute, elle sera sanctionnée », a-t-il assuré. Le fonctionnaire de police sera auditionné vendredi après-midi. Après la réunion pacifique devant Bergson, quelques incidents ont cependant été constatés ensuite. Les commissariats du Xe et du XIXe arrondissements de Paris ont été la cible de jets de pierres et de dégradations par des lycéens, qui dénonçaient le traitement subi la veille par leur camarade, qui a décidé de porter plainte.

La Marseillaise, le 26 mars 2016

14e arr. de Marseille. Antiracisme d'hier et d'aujourd'hui

le 25 mars 2016

La Ciotat. Le tribunal sort l’homophobie du placard

le 20 mars 2016

La Ciotat. Le tribunal sort l’homophobie du placard

Justice. Le Tribunal correctionnel de Marseille a relaxé Karim Ghendouf et Christophe Maitrepierre poursuivis pour « injure » suite à une plainte du Maire. Les deux opposants lui avait demandé s’il était « toujours homophobe ? » au vu de son hostilité au mariage pour tous.

En février 2014, dans la dernière ligne droite des municipales de mars, Patrick Boré a porté plainte, en tant que Maire de La Ciotat, avec constitution de partie civile, contre Christophe Maîtrepierre, colistier socialiste de Karim Gendhouf, tête de liste de « La Ciotat Nous Rassemble ». Un simple tweet du premier, relayé par le second a déclenché le courroux du Maire sortant, ou plutôt une question « toujours homophobe ? ». Militant LGBT et premier marié ciotaden au lendemain de l’adoption de la loi du « mariage pour tous », Christophe Maîtrepierre rappelait dans le même tweet les arguments de campagne de Bernard Deflesselles et de son suppléant Patrick Boré, dans le cadre des dernières législatives, et ses déclarations hostiles au mariage des couples homosexuels. Relance d’un débat public ou « injure » ? Au final, la 11e chambre du tribunal correctionnel de Marseille présidée par Fabrice Castoldi, a relaxé ce 15 mars Karim Ghendouf et Christophe Maîtrepierre. Et les motivation de cette décision sont limpides. En premier lieu, « les propos poursuivis ne visent ni l’action du Maire de La Ciotat, ni celle du Conseil départemental (…) ils s’adressent à l’homme public et au candidat qui a défendu, en temps et en heure, ses convictions politiques ». Une première mise en abîme, puisque la procédure a été enclenchée par « le Maire de La Ciotat » et financée par la Ville, et donc par les contribuables ciotadens…

« La controverse porte sur un sujet d’intérêt général »

Si le terme « homophobe » selon les circonstances peut avoir un caractère injurieux, « force est de constater en l’espèce que les propos incriminés s’inscrivent dans le contexte politique d’une campagne électorale. Le comportement dénoncé émane d’opposants notoires et résolus à Monsieur Boré. La controverse porte, en outre, sur un sujet d’intérêt général (le mariage pour tous) et concerne une problématique qui reste d’actualité (l’adoption par les couples homosexuels) » ne manque pas de rappeler le Tribunal. Aussi, « Christophe Maîtrepierre n’a pas dépassé les limites admissibles de la liberté d’expression ». De plus, dans un pareil contexte, « cette interrogation est dénuée de toute animosité personnelle (…) elle relève en réalité du débat d’idées et de la confrontation intellectuelle, idéologique et politique que justifiait le sujet, les prises de position respectives et les circonstances de temps » conclut-il.

« La justice a acté notre argumentation », souligne Christophe Maitrepierre au lendemain de la décision du tribunal, à savoir « la défense de la liberté d’expression que nous avons fait valoir avec notre avocat Maître Vouland. Afin de poser publiquement un débat sur les prises de position politiques du candidat Patrick Boré ». « Karim Ghendouf m’a toujours soutenu pendant ces quinze mois de procédure », une épreuve toujours difficile. Ensuite, « je suis furieux » reprend Christophe Maitrepierre, « furieux car nous sommes relaxés, le Maire est débouté des 4.000 euros qu’il demandait pour ses frais de procédure, et ils sont payés par les contribuables. Et même s’il a perdu, cela ne lui coûte rien ! ».

« Sur le fond, la justice a déjoué la tentative de Patrick Boré de museler ses opposants -avec l’argent du contribuable- et de priver les citoyens de débat public » tient à souligner pour sa part Karim Ghendouf. « La Justice ne s’est pas laissée prendre à ce jeu. Du reste, je tiens à dire que nous avons eu un véritable procès, avec un temps d’écoute et d’échange formel, pendant lequel nous avons pu faire valoir nos arguments à la barre du tribunal souligne l’élu. La Justice en ressort grandie ».

Aux dernières nouvelles, le Maire n’aurait pas l’intention de faire appel de cette décision.

Sylvain Fournier (La Marseillaise, le 20 mars 2016)

Romain Donda (SOS homophobie). « Un soulagement »

Membre de la délégation Paca de SOS homophobie, Romain Donda, réagit au jugement.

La Marseillaise. Quel est votre sentiment après la relaxe de Karim Ghendouf et Christophe Maîtrepierre ?

Romain Donda. C’est un soulagement. Cela donne de la confiance en notre justice.

La Marseillaise. Ce jugement a-t-il pour vous des conséquences sur le débat toujours en cours du mariage pour tous ?

Romain Donda. Quand on lit le jugement, on peut comprendre en effet, qu’il est possible de poser librement et publiquement la question du rapport entre l’homophobie et l’opposition d’une personne, en l’occurrence d’un élu, aux droits des personnes LGBT. Le jugement est assez clair : poser la question de l’homophobie n’est pas nécessairement injurieux. Se poser la question du racisme quand quelqu’un est contre le mariage d’une personne blanche et d’une personne noire ferait d’ailleurs sans doute moins débat. C’est en tout cas une bonne nouvelle que de pouvoir interroger dans le cadre d’un débat politique le fond du sujet qui touche à l’intérêt général.

La Marseillaise. Les réseaux sociaux sont souvent le terrain d'expression de propos homophobes, diriez-vous qu'il est possible d'en faire un outil pour faire reculer les préjugés haineux ?

Romain Donda. SOS Homophobie travaille à faire supprimer les propos homophobes sur Internet. Dans notre rapport annuel, on note un important nombre de témoignages de victimes de harcèlement sur Internet. Des propos haineux visant à rabaisser les personnes LGBT individuellement ou à s’opposer en général à leurs droits sont nombreux sur ce terrain de la libération de la parole homophobe qu’est Internet. C’est la raison pour laquelle nous avons une commission dont l’objet est de veiller sur les réseaux et d’agir auprès des éditeurs pour faire supprimer les contenus homophobes. La loi sanctionne l’homophobie.

Propos recueillis par Léo Purguette (La Marseillaise, le 20 mars 2016)

Goodyear. Contre la violence des politiques libérales

le 03 mars 2016

Goodyear. Contre la violence des politiques libérales

Création, à Martigues, d’un comité de soutien aux 8 salariés, à l’initiative de plusieurs organisations.

UL CGT, FSU, Solidaires, PCF, Ensemble !, PG, LDH et Mouvement de la paix, ce sont les premières organisations syndicales, politiques et associations citoyennes à lancer le comité de soutien aux 8 de Goodyear à Martigues. Comme partout en France, à l’instar du comité national et des comités départementaux, des comités locaux fleurissent (c’est le printemps) un peu partout. À Martigues, la création a été officialisée hier, à la Maison des syndicats. « Il est important de réagir sur le fond. Prendre 24 mois de prison dont 9 ferme pour avoir lutter pendant 7 ans contre la fermeture d’une entreprise bénéficiaire, qui délocalise au détriment de la vie des salariés, des familles et des territoires est inadmissible. C’est un jugement de classe, c’est politique », précise d’emblée Yann Manneval, Secrétaire de l’UL CGT. « De quoi ils sont coupables ? D’avoir retenu 30 heures leurs chefs ? Non, ils sont coupables d’avoir fait échec à la fermeture de leur usine », relève Frédéric Grimaud, d’Ensemble ! qui considère que « tous ceux qui résistent vont se faire fracasser parce que le patronat, dans une concurrence mondialisée, n’a pas d’autres choix que de pratiquer la violence ». Olivier Bonnet du PG évoque « une insupportable criminalisation du syndicalisme » instrumentalisée par le gouvernement puisque les 2 cadres de Goodyear avait retiré leur plainte, alors que le parquet a poursuivi les salariés : « C’est bien une attaque du gouvernement qui met la pression sur la justice contre le monde du travail et le peuple. » Le Mouvement de la paix s’inscrit « dans son devoir de soutenir les travailleurs soumis à des agressions. Le progrès et la justice sociale sont des conditions de la paix », rappelle Michèle Blanchard. Et pour la LDH, « le discours idéologique ambiant impose le règne des évidences et de la fatalité en affirmant que toute lutte collective n’a plus de sens dans une mondialisation. C’est une atteinte généralisée et mondiale pour une dérégularisation totale de la société. On nous demande de choisir entre liberté et sécurité et on n’est pas d’accord. »

« Une brutalité inquiétante »

Pour Jonathan Di Ruocco, Secrétaire de la section du PCF, « les politiques libérales d’un gouvernement dit de "gauche" mettent une chape de plomb sur le climat social qui n’est pas au beau fixe, les résultats des dernières élections le montrent. Il y a une accélération des mesures sécuritaires et des restrictions des libertés au nom de la lutte contre le terrorisme, mais ça ne résout rien. La loi Travail El Khomri a pour but de tenir le mouvement social la tête sous l’eau pour empêcher une révolte légitime et porteuse de progrès. »

Impossible de ne pas faire allusion aux nombreuses autres attaques contre les citoyens : « Les faucheurs de chaise d’Attac, un prof d’histoire qui parle de Valls, il y a un durcissement du discours et une brutalité inquiétante », souligne à son tour Philippe Sénégas pour la FSU. Mais comme il y a un an avec Charlie, « le peuple français sent qu’il est visé dans ses droits fondamentaux dont font partie les droits syndicaux, héritage du CNR. La déchéance de nationalité, l’état d’urgence, le démontage du droit du travail… ça commence à faire beaucoup. C’est j’espère une lame de fond qui va se lever. »

Nathalie Pioch (La Marseillaise, le 3 mars 2016)

Distribution de tracts et signature de la pétition pour la relaxe des Goodyear dimanche matin sur le marché de Jonquières. D’autres actions sont prévues.
La pétition est aussi en ligne sur le site change.org.

Goodyear. À Istres aussi, on se mobilise

le 03 mars 2016

Goodyear. À Istres aussi, on se mobilise

L’UL CGT d’Istres se réunit ce soir à 18h pour créer elle aussi un comité de soutien aux Goodyear. Pour l’instant, la LDH, le PCF et le PG s’y sont associés. « C’est une initiative de solidarité », précise Patrick Jourdan, qui espère que d’autres formations et syndicats CGT appartenant à l’UL les rejoignent.

« Ce gouvernement socialiste, en poursuivant ces travailleurs, mesure-t-il bien la violence de ces actes ? », s’interroge-t-il. Car il relève qu’une commission d’enquête parlementaire a démontré que la liquidation de l’usine Goodyear d’Amiens Nord avait été délibérément organisée et qu’il n’y avait pas de raisons économiques aux licenciements : « En clair, c’est la direction qui a pris en otages les 1.143 salariés de cette entreprise et non le contraire ! Quelle inversion des rôles et des valeurs ! », poursuit Patrick Jourdan. Il évoque encore les salariées du Casino de Port-Saint-Louis entendues par la gendarmerie, tout comme trois militants dont deux dockers, coupables d’avoir soutenu des « cassinnettes » auxquels on voulait prendre l’ADN « comme des délinquants ».

« Ces actes ne relèvent pas de l’ordre républicain : ils relèvent de l’ordre économique dominant ! », martèle le syndicaliste. Le comité « sera un outil démocratique et de combat où tous les citoyens épris de justice sociale sont les bienvenus » et va s’attacher à faire signer dans tous les lieux publics et sur le marché la pétition nationale pour la relaxe des 8 salariés de Goodyear.

Nathalie Pioch (La Marseillaise, le 3 mars 2016)

Reynald et Franck Jurek. « On est considérés comme des criminels »

le 29 février 2016

Reynald et Franck Jurek. « On est considérés comme des criminels »

Deux des huit ex-salariés de Goodyear condamnés à 9 mois de prison ferme pour avoir « séquestré » deux cadres de l'entreprise en 2014 témoignent. Entretien.

Les cégétistes Reynald Jurek, Secrétaire du CE et Franck Jurek, Secrétaire adjoint, font partie des 8 ex-salariés de Goodyear-Amiens (ils ont été licenciés mais réélus au CE jusqu'en 2017 !) à avoir été condamnés pour « séquestration en bande organisée » le 12 janvier dernier à 24 mois de prison dont 15 avec sursis. Deux ans plus tôt, deux cadres de l'entreprise avaient été retenus dans une salle en présence de 400 salariés en lutte pour défendre leurs emplois menacés. En attendant leur appel qu'ils espèrent victorieux, les deux frères, qui dénoncent une volonté du pouvoir de « criminaliser l'action syndicale », étaient mercredi à Béziers (Hérault) pour une réunion publique organisée par la CGT.

La Marseillaise. Qu’est-ce qui vous a décidé à venir témoigner dans les réunions publiques de la CGT ?

Reynald Jurek. Notre condamnation, le 12 janvier dernier, à 24 mois de prison dont 9 ferme a suscité une vague d'indignation en France. 80 comités de soutien se sont créés en deux mois (plus un en Belgique et un aux Pays-Bas). On a souhaité aller à leur rencontre. Ça nous fait du bien. On voit des salariés, des syndicalistes, des politiques et pas mal de retraités qui se font du mauvais sang pour l'avenir de leurs enfants et leurs petits-enfants. Cela montre que quand on s'attaque à des syndicalistes, on s'attaque à toute la société.

La Marseillaise. C'est la première fois qu'une peine de prison ferme est prononcée pour de tels faits. Comment l'expliquez-vous ?

Reynald Jurek. Pour nous, c'est une volonté de criminaliser l'action syndicale de la part de ceux qui nous gouvernent. Huit salariés ont été condamnés à 9 mois de prison ferme alors que les deux cadres et la direction de Goodyear ont retiré leur plainte. C'est le procureur [ndlr : qui dépend du ministère de la Justice] qui nous poursuit. Franck Jurek : Il y avait près de 400 personnes dans la salle ce jour là. Ils ont ciblé 8 syndiqués dont 5 responsables : le secrétaire du syndicat, du CE… Ils n'ont pas frappé au hasard. Ils ont voulu faire un exemple.

La Marseillaise. On a prélevé votre ADN. Vous avez le sentiment d'être traités comme des délinquants ?

Franck Jurek. Complètement. Ils nous ont foutu 36 heures en garde-à-vue dans une pièce qui pue la pisse après avoir déployé les grands moyens. Ils sont venus à 15 policiers nous chercher chez nous à 5h30 du matin. Ils ont retourné toute la maison comme dans les films sur le grand banditisme. Quand j'ai ouvert la porte et que j'ai vu l'arsenal, je leur ai demandé si j'avais tué quelqu’un.

Reynald Jurek. En garde-à-vue, on nous a posé 50 fois les mêmes questions. Ils cherchaient des preuves de menaces de mort qui n'existaient pas. Ils ont mis sous scellés le CE, le syndicat et le CHSCT en prenant les ordinateurs.

La Marseillaise. A aucun moment l'idée de retenir les deux cadres n'a été préméditée ?

Reynald Jurek. Absolument pas. Si cela a été prémédité, c'est du côté de la direction. Quand le samedi soir on vous promet une réponse au sujet du PSE [ndlr : plan de sauvegarde de l'emploi] pour le lundi matin en sachant déjà qu'elle est négative et que 400 salariés en lutte depuis 7 ans seront présents… Au contraire on a joué notre rôle de médiateur en cherchant à éviter les dégâts physiques.

Franck Jurek. La direction a reconnu que, sans la CGT, cela aurait sans doute dégénéré. Ils n'attendaient que ça.

Reynald Jurek. D'ailleurs ils sont restés très calmes. A aucun moment ils n'ont cherché à sortir. C'est un guet-apens qu'ils ont eux-mêmes organisé. Certains patrons sont spécialistes de la provocation. Psychologiquement, ils s'étaient préparés à l'éventualité d'être bloqués.

La Marseillaise. Quel aurait été leur intérêt ?

Reynald Jurek. Décrédibiliser le mouvement et pointer le fait que les responsables syndicaux ne savent pas gérer leurs troupes. Mais il n'y a eu aucun mauvais traitement [ndlr : une oreille tirée ressentie comme une « humiliation »]. On leur a donné de l'eau et laissé leur téléphone portable.

La Marseillaise. Vous estimez qu'il y a eu deux poids deux mesures ?

Reynald Jurek. Il vaut mieux être patron que salarié. On est considérés comme des criminels et pendant ce temps, la direction, qui a sur la conscience 12 morts dont 3 suicides, n'a jamais été inquiétée. Depuis la fermeture de l'usine le 22 janvier 2014, un salarié s'est pendu à l'hôpital, un autre s'est jeté sous une voiture, un autre est décédé après avoir sombré dans l'alcoolisme. 9 autres sont morts des suites de maladies professionnelles [ndlr : selon leurs proches ; un procès aura lieu aux États-Unis] dues à l'utilisation de produits dangereux.

Franck Jurek. Deux dossiers de plainte ont été déposés par 800 salariés [ndlr : sur un total d'environ 1.150] pour discriminations, au sujet des charges de travail et des salaires. Ils ont été balayés par le procureur d'Amiens.

La Marseillaise. On imagine chez vous un grand sentiment d’injustice…

Reynald Jurek. D'autant que la direction a volontairement laissé pourrir la situation, faute de pouvoir fermer l'usine dans les règles. Les deux dernières années de lutte, ils ont retiré toutes les tâches. Les salariés venaient mais n'avaient rien à faire. Du coup, ils picolaient, jouaient aux cartes, à la pétanque. A la barre, l'inspectrice du travail a témoigné que l'entreprise était gérée de manière anxiogène et pathogène de façon délibérée. Sans elle, on aurait pris 10 ans.

La Marseillaise. Craignez-vous que ce jugement fasse jurisprudence ?

Franck Jurek. Ils ont voulu faire un exemple avec Goodyear en espérant que des salariés se disent : « Si je fais grève, je peux me retrouver en prison. » Le message est clair : arrêtez de vous battre pour vos emplois. On a payé 7 ans de lutte contre une multinationale qui a du fric.

La Marseillaise. Qu'est-ce qui vous fait dire que c'est une décision politique ?

Reynald Jurek. Si le juge avait écouté nos arguments… On s'attendait à une bonne avoine, à une amende. Après les réquisitions du procureur (12 mois ferme et 12 avec sursis), on craignait du sursis. Le ciel nous est tombé sur la tête.

La Marseillaise. Êtes-vous optimistes pour votre appel qui est suspensif ?

Reynald Jurek. On ne demande pas un aménagement de peine. On se battra jusqu'au bout pour la relaxe. On n'a rien fait de mal. On n'ira pas en prison.

Franck Jurek. Rappelons que Hollande s'était engagé en faveur d'une loi d'amnistie pour les syndicalistes et d'une loi pour interdire les licenciements boursiers. Il nous a bien aidés... La boîte a fermé et on nous fout en taule.

La Marseillaise. Ne payez-vous pas les pots cassés d'Air France ?

Reynald Jurek. Non, tout est lié. On paye les pots cassés de la politique actuelle.

La Marseillaise. Que pensez-vous de la réforme du code du travail ?

Reynald Jurek. On va perdre 150 ans de luttes sociales en une loi.

Franck Jurek. Les salariés ne se battent plus pour conquérir de nouveaux droits mais pour préserver ceux qu'ils ont.

La Marseillaise. Les salariés ne risquent-ils pas d'avoir peur, de se résigner ?

Reynald Jurek. Partout où on passe, on sent que la cocotte bout. Les salariés vont se réveiller. Il y a des départs de feu, il faut un brasero. Les syndicats doivent fédérer tout ça dans un mouvement d'ampleur, sinon on va crever. Si on doit regagner quelque chose ce sera dans la rue.

Propos recueillis par Rémy Cougnenc (La Marseillaise, le 29 février 2016)

Commémoration. Ibrahim Ali, ce jeune marseillais assassiné de sang froid

le 22 février 2016

Commémoration. Ibrahim Ali, ce jeune marseillais assassiné de sang froid

Rassemblement hier des proches de Ibrahim Ali, tombé sous les balles du FN il y a vingt et un ans. À leurs côtés, des élus, des militants progressistes et antifascistes.

« Personne, dans ta cité, ne t’as oublié, Ibrahim Ali. Ni les gens de ta famille, cette petite cousine que tu aimais câliner. Ni tes copains, ni tes voisins. Ni tous ces jeunes qui ont pensé que ce jour-là, ils auraient pu être, à ta place, c’est-à-dire au mauvais endroit et au mauvais moment. »

C’est en silence ce que Amélie est venue lui dire, à l’endroit même où, ce sinistre 21 février de l’année 1995, Ibrahim Ali Abdallah, à l’âge de dix-sept ans, est tombé sous les balles d’un colleur d’affiches du Front national. Là, au chemin des Aygalades, où vingt-et-un an plus tard, comme il est de coutume, ses proches, mais aussi les militants antifascistes, se rassemblent chaque année. Parmi des eux, des visages connus, comme des représentants du Parti communiste du Parti de gauche et de nombreuses associations de quartiers.

À quand une rue à son nom ?

Quelques gerbes de fleurs, une fausse plaque indiquant la rue Ibrahim Ali en guise décor et cette centaine personnes dont les plus intimes du jeune homme évoquent leurs souvenirs avec un sourire aux lèvres. « C’est vrai », poursuit Amélie, « le temps fait bien les choses et la douleur des faits moins aiguë et on évoque Ibrahim avec un petit sourire affectueux aux lèvres. Mais n’allez pas croire que notre colère est moins grande. » Et Soly, l’un de ses amis, responsable de l’association Sound musical school B.Vice, d’ajouter « qu’il n’y a jamais eu de vrais remords ou de reconnaissance de la part des gouvernements qui se sont succédé. Au moins baptiser une rue à son nom. Ce que nous voulons dire aux élus de la République, c’est que nous attendons d’eux qu’ils aient un geste fort marquant leur condamnation sans équivoque de ce parti fasciste qu’est le Front national. » Pas un luxe, par les temps qui courent. Et beaucoup de ces jeunes femmes et jeunes hommes de regretter que les élus de la République, « tout au moins ce qui prétendent en porter les valeurs, ne s’agitent pas un peu plus pour les défendre ». Pour ajouter encore qu’il n’est pas ici question de communauté qui se sente visée ou stigmatisée. « Les balles qui ont frappé Ibrahim Ali dans le dos auraient tout aussi bien pu atteindre un jeune d’origine maghrébine ou n’importe quel autre personne ne présentant pas à première vue toutes les caractéristiques physiques du bon Français bien de chez nous. Ce qui nous fait dire qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’un acte raciste. »

Certes, des condamnations ont bien été prononcées, mais à l’heure où le Front national pointe son mufle de taureau « dans les quartiers mêmes où ce drame s’est déroulé, il y a vraiment lieu de s’inquiéter de l’avenir de nos petits enfants », s’indigne une vieille amie de la famille du jeune homme. « Car, bien que d’origine comorienne, Ibrahim Ali était un petit marseillais. C’est donc bien la couleur de sa peau qui a motivé son assassinat. »

Et malgré toutes les démarches accomplies depuis toutes ces années, aucune promesse de reconnaissance officielle. Cela aurait pourtant pu avoir valeur de symbole, alors qu’à deux pas de l’endroit où Ibrahim Ali est tombé sous les balles de ces assassins, le nouveau Maire des 13e et 14e arrondissements s’applique à détruire tout ce qui subsiste de lien social.

Mais qu’à cela ne tienne, Florence qui a fait le voyage depuis Paris sera encore là l’année prochaine.

Gérard Lanux (La Marseillaise, le 22 février 2016)

Un film riche d’enseignements projeté hier après midi dans une salle des quartiers Nord

A l’issue de cette commémoration, et pour en prolonger la portée, le film d’Alain Dufau, « Parce qu’ils ont tué Ibrahim », a été projeté dans les locaux du Tropicana Place, une salle de fête et de réunion, aux abords de la cité de la Visitation. A l’initiative de l’association « Images et paroles engagées » de Saint André. Une association riche de plus de trois cents films, ainsi que de documents relatifs à la mémoire des quartiers Nord.

Sans volonté communautariste

Le film d’Alain Dufau, précédé d’un très court métrage de Mohamed Bakkar, a été tourné au moment de l’ouverture du procès au tribunal d’Aix-en-Provence des trois colleurs d’affiche du Front national. Il dépeint la mobilisation qui a eu lieu au lendemain de l’assassinat de Ibrahim Ali, à l’initiative d’un comité regroupant organisations de défense des droits de l’Homme et antiracistes, rejointes par les partis politiques et organisations syndicales soucieux de tenir allumée la mémoire de ce que furent les bruits de bottes nazies dans nos villes et nos campagnes.

Une autre époque, une autre faculté de résistance

Une mobilisation à laquelle ont participé pleinement les membres de la famille d’Ibrahim Ali, contrairement à ce que prétend un article du Provençal de l’époque. Avec cette volonté de ne pas faire de cet assassinat un acte dirigé spécifiquement contre les Comoriens de Marseille. Acte raciste oui, mais perpétré par des voyous qui voulaient en découdre avec tous ceux qui ne partagent en rien leur idéologie porteuses d’exclusion et de mort, disaient en substance les membres de la famille du jeune homme.

Portrait d’une époque aussi, cette fin des années 90 où il restait encore une immédiateté de mobilisation et de résistance, portée par les partis de gauche et les associations humanitaires. Un vrai questionnement quant à la faiblesse de l’opposition au Front national que l’on déplore aujourd’hui. « En ces années là ; dit dans le film une jeune militante, les partis d’extrême gauche, le Parti communiste étaient encore bien présents dans les rues. Il était très rare de rentrer chez soi le soir sans un peu de littérature politique à se mettre sous la dent ».

C’est aussi un des enseignements de ce film, à l’heure où la bête immonde rode dans nos quartiers et ambitionne de tenir les rênes du pays.

Gérard Lanux (La Marseillaise, le 22 février 2016)

Centre-ville de Marseille. Les communistes de Vauban solidaire avec les Good Year

le 22 février 2016

Samedi 27 février à 10h

Les communistes du quartier Vauban iront à la rencontre de la population pour leur proposer de signer pour la relaxe des 8 de Good Year.

 
 
 
 
 
 
Bienvenue sur le site de la Fédération du Parti Communiste Francais de Haute Corse
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