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Christiane Taubira. Le choix de se démettre plutôt que se soumettre

le 28 janvier 2016

Christiane Taubira. Le choix de se démettre plutôt que se soumettre

Avec la démission de la garde des Sceaux, c'est une des voix de la Gauche de la Gauche qui quitte le gouvernement. A un an de la Présidentielle.

« Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l'éthique et au droit. » Même en 140 signes, Christiane Taubira est restée fidèle à elle-même. A ses convictions. Farouchement opposée à la déchéance de la nationalité, on savait qu'elle ne porterait pas la réforme constitutionnelle. Elle a choisi d'aller plus loin encore, bouleversant ainsi les plans de l'Exécutif. Manuel Valls était monté au front en choisissant dès mardi de s'entourer du très puissant Président des lois Jean-Jacques Urvoas. Nommé rapporteur de la révision constitutionnelle, l'homme devait rassembler une gauche déchirée. Mais ce schéma n'aura tenu que quelques heures.

En quittant le gouvernement, Christiane Taubira a préféré se démettre plutôt que se soumettre. Un nouveau coup d'éclat dans la carrière de la jeune militante guyanaise devenue une femme politique.

Du Palais Bourbon à la Place Vendôme

Née à Cayenne le 2 février 1952 dans une famille modeste, Christiane Taubira va exceller sur les bancs de l'Éducation nationale. Diplômée en sciences économiques, en agro-alimentaire, en sociologie et en ethnologie afro-américaine, elle est une sympathisante des thèses indépendantistes. Elle fait ses débuts en politique en remportant en 1993 les législatives avec son mouvement le Walwari (divers gauche), créé avec son mari Roland Delannon, dont elle aura quatre enfants et dont elle a divorcé. Elle est également députée européenne de 1994 à 1999.

En 2001, elle est à l'origine de la loi qui reconnaît la traite négrière comme crime contre l'Humanité. Un an après, elle se présente à la Présidentielle sous les couleurs du Parti radical de gauche (2,32% des voix). On lui reproche alors d'avoir contribué à l'éparpillement des voix à gauche.

Dix ans plus tard, elle entre à la Chancellerie. La garde des Sceaux porte la loi sur le mariage pour tous votée le 23 avril 2013. L'année suivante, elle défend sa réforme pénale, qui instaure la contrainte pénale adoptée le 17 juillet 2014 mais doit essuyer les critiques du monde judiciaire.

2015 sera une année difficile, marquée par les attentats du 7 janvier et du 13 novembre. Étrangement, la Ministre de la Justice préfère le silence aux déclarations fracassantes. Bernard Cazeneuve occupe le terrain. François Hollande et Manuel Valls les hémicycles et les plateaux de télévision. La garde des Sceaux refuse de s'engager sur le chemin sécuritaire choisi par le pouvoir. Elle sort de son silence pour déclarer son hostilité à la déchéance de nationalité élargie aux binationaux nés français, condamnés pour terrorisme. La suite s'est jouée hier.

Le portrait de celle portée par beaucoup comme l'icône de la gauche est loin d'être parfait. Certains la disent ambitieuse. D'autres, comme son ami l'historien Pascal Blanchard, « dure, autoritaire ». Difficile aussi peut-être. Comme l'a été d'ailleurs son parcours politique.

La femme a fait face aux attaques racistes. Comparée à un singe par une candidate FN sur Facebook et par le journal d'extrême droite Minute, vilipendée par la droite, elle a souvent utilisé les mots pour se défendre. Car la pasionaria est avant tout une femme de lettres qui a souvent préféré celles des poètes. Comme ces vers de Léon-Gontran Damas prononcés en ouverture des débats de la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe le 29 janvier 2013 : « l'acte que nous allons accomplir est beau comme une rose dont la tour Eiffel assiégée à l'aube voit s'épanouir enfin les pétales ».

Au-delà de la femme de symboles

Mais Christiane Taubira aime aussi les symboles. « C'est ce qui nous fait tenir ensemble. Mais je suis d'abord une personne. Je préfère cogner. Il y a un combat social et politique, j'ai coutume de livrer bataille et de gagner mes combats »(*). Alors lesquels de ces symboles faut-il voir dans son départ ?

Hier, Christiane Taubira a déjoué tous les pronostics des analystes politiques qui la voyaient au ministère de la Culture en vue du prochain remaniement ministériel. Elle a bousculé l'Exécutif, forcé de nommer en urgence Jean-Jacques Urvoas place Vendôme. Elle a fait se lever la gauche parlementaire. Elle a été sous les feux médiatiques. Et comme elle l'a si souvent fait, elle a conclu son discours de garde des Sceaux en citant le poète Aimé Césaire : « Nous ne livrerons pas le monde aux assassins d'aubes ».

Son départ a été une surprise. Bien orchestrée tout de même. Hier soir, la Ministre démissionnaire était sur Canal+ pour un « entretien itinérant » avec Michel Denisot réalisé samedi dernier. Des « conversations secrètes » enregistrées trois jours avant l'annonce de sa démission, celle-ci ayant été actée le samedi même, a fait savoir l'Élysée. Demain, c'est en librairie qu'on la retrouvera pour un ouvrage qui devrait s'intituler « Être Ministre » aux éditions Bayard.

Certains la voient déjà se présenter à la primaire de la gauche. D'autres attendent de la retrouver sur les bancs de l'Assemblée. Les mêmes qui espèrent entendre de nouveau la voix de Christiane Taubira. Mais pas seulement. Car avec son départ, c'est bien une voix de la Gauche de la Gauche qui quitte le gouvernement. Et que la garde des Sceaux mette fin à ses fonctions le jour où est présentée une version modifiée du texte de loi sur la déchéance de la nationalité montre à quel point une nouvelle séquence politique est en train de s'ouvrir. A quel point le chemin emprunté par François Hollande et Manuel Valls en vue de la Présidentielle est bien celui d'une social-démocratie désormais assumée.

Sabrina Guintini (La Marseillaise, le 28 janvier 2016)

(*) Extrait de l'émission « Conversations secrètes » Canal +.

Réactions

Vincent Autin, premier marié gay de France, Président de la « Lesbian and gay pride Montpellier ». « Je ne peux pas m'enlever de la tête l'empreinte qu'elle laisse au travers de la loi "mariage pour tous", dont j’ai eu la chance, avec mon mari, d'être le premier bénéficiaire. Christiane Taubira fait partie de notre histoire, de celle de la Ve République. Quand-bien même le mariage pour tous était une promesse de F. Hollande, c'est elle qui l'a défendue, qui a porté le projet de loi avec dignité et conviction. Elle ne s'est jamais abaissée au niveau de ses détracteurs, qui ont été bien souvent irrespectueux, insultants, diffamants. Elle a su prendre de la hauteur sur tout cela et atteindre l'objectif qui était le sien. Je salue cet engagement aux côtés des personnes LGBT (lesbiennes, gay, bi, trans). Car elle est également favorable à la PMA, très engagée sur la question des personnes trans-identitaires... Autant de promesses de François Hollande, qu'il a fait le choix d'ajourner. Elle, si elle avait eu les coudées franches sur ces questions là, serait sans doute allée beaucoup plus loin. »

À gauche. Benoît Hamon, ancien ministre socialiste et proche de Christiane Taubira, a exprimé son « respect pour les convictions » de l’ex-Ministre. Jean-Christophe Cambadélis (PS) lui a adressé ses « amitiés » au nom de « combats communs » tandis que pour le frondeur Laurent Baumel, « François Hollande aura fracturé la gauche d'un bout à l'autre ». Cécile Duflot (EELV) a elle « salué chaleureusement la décision de courage et de conviction » de l'ex-Garde des Sceaux. Et pour Éric Coquerel (Parti de gauche) : Démission de @ ChTaubira : le Titanic gouvernemental s'enfonce un peu plus sur tribord #Taubira. Pierre Laurent (PCF) : « Le geste de Mme Taubira remet en perspective la recherche d'une Gauche qui ne se renie pas. »

À droite. Christian Estrosi (LR) : Espérons pour notre pays que la démission de @ChTaubira entraîne la fin de la politique laxiste de ce gouvernement ! Sébastien Huyghe (LR) : La démission de @ChTaubira arrive bien tardivement après le massacre de notre droit pénal et une politique de la justice incohérente #enfin Hervé Morin (UDI) : #Taubira Le changement Place Vendôme, il était temps ! François Bayrou (MoDem) : « C'est la conséquence d'un violent affrontement au sein du gouvernement. » Florian Philippot (FN) : Démission de #Taubira : enfin ! Une très bonne nouvelle pour la France.

La Marseillaise, le 28 janvier 2016

Constitution. Ultime cout d’éclat contre un texte décrié

le 28 janvier 2016

Constitution. Ultime cout d’éclat contre un texte décrié

La garde des Sceaux Christiane Taubira a présenté sa démission hier. Un geste qui intervient le jour même de la présentation par Manuel Valls du projet de réforme sur la déchéance.

La journée d’hier devait être celle de l’affirmation de la position gouvernementale sur la réforme de la constitution comportant le volet polémique sur la déchéance de la nationalité. La porte claquée par la garde des Sceaux Christiane Taubira quittant son poste de Ministre de la Justice lui aura volé la vedette.

C’était, en quelques sortes, hier ou jamais. A partir du moment où le gouvernement de Manuel Valls et le Président de la République François Hollande n’avaient pas daigné revenir de manière sensible sur la question de la déchéance de la nationalité. La suppression de la notion de « binationaux » dans le texte n’aura pas servi.

Un départ sur « un désaccord politique majeur »

« Je quitte le gouvernement sur un désaccord politique majeur. Je choisis d’être fidèle à moi-même, à mes engagements, mes combats, mon rapport aux autres, à nous tels que je nous comprends », a lancé la désormais ex-Ministre de la Justice hier après-midi lors de son dernier discours à la Chancellerie avant d’accueillir son successeur Jean-Jacques Urvoas, le Monsieur Sécurité du Parti socialiste artisan de la loi sur le Renseignement, proche de Manuel Valls.

La journée décisive avait débuté dès 8h. Comme le veut la règle, Christiane Taubira se rendait à l’Élysée pour y remettre sa démission. Et s’entretenir avec le Président. Les deux « ont convenu de la nécessité de mettre fin à ses fonctions au moment où le débat sur la révision constitutionnelle s’ouvre à l’Assemblée nationale » indique le palais présidentiel dans un communiqué. François Hollande lui a « exprimé sa reconnaissance pour son action. Elle aura mené avec conviction, détermination et talent la réforme de la Justice et joué un rôle majeur dans l’adoption du mariage pour tous ». A la sortie du Conseil des Ministres d'hier matin, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll dépasse la simple déclaration de courtoisie : « C’est le choix de Christiane Taubira (de démissionner) qui a été accepté par le Président de la République au nom de la cohérence nécessaire que l’on doit avoir dans l’action gouvernementale ».

Dont acte. Mais la décision de la Ministre va bien au-delà de la simple conséquence d’une divergence de fond. Elle risque de provoquer un effet domino dont on mesure encore mal l’intensité. Après les départs des Hamon, Montebourg et autres Filippetti, la Députée de Guyane était comme la dernière caution « de gauche » du gouvernement de Manuel Valls. Celle qui citait dans l’hémicycle les grands auteurs face à ses détracteurs employant tous les moyens, même les pires, pour la destabiliser. Celle enfin qui représentait pour l’électorat de gauche la véritable (seule)avancée du quinquennat : le mariage pour tous.

Un(e) Ministre seul(e) pèse bien peu dans un exécutif qui a visiblement décidé de ne pas ralentir dans sa fuite en avant. Car la journée d’hier était également consacrée à la présentation par Manuel Valls de son texte de révision constitutionnelle devant la commission des lois à l’Assemblée nationale (lire page ci-contre). On avait failli l’oublier…

Le « débat » sur la déchéance reprend son cours à l’Assemblée

Le Député socialiste Dominique Raimbourg, un des Vice-Présidents de la commission des Lois, devenant nouveau rapporteur de la réforme après la nomination de Jean-Jacques Urvoas. Et, poussé dans le dos par François Hollande, le Premier Ministre est une nouvelle fois monté au créneau pour défendre un texte qui a de plus en plus de mal à passer parmi l'électorat de gauche et les mouvement de défense des droits de l’homme.

Les appels à manifester samedi dans toute la France contre le projet de constitutionnalisation sont là pour le démontrer. Au nom de certaines valeurs. Inaliénables.

Sébastien Madau (La Marseillaise, le 28 janvier 2016)

Fidèle

Elle part pour rester fidèle. Avant la passation de pouvoir avec Jean-Jacques Urvoas, son successeur « Valls-compatible », Place Vendôme, Christiane Taubira a dit de belle manière pourquoi elle claque la porte. Cette démission est une lourde perte pour François Hollande. Il laisse filer sa dernière caution de gauche et, surtout, ouvre un peu plus le champ à une alternative. Car ne doutons pas que ce dernier discours à la chancellerie d’une telle icône pour les progressistes en annonce beaucoup d’autres. Autant de pierres qui seront lancées dans le jardin stérile d’un chef de l’État à la dérive.

Par son acte, Christiane Taubira met en relief l’évolution droitière et sécuritaire du gouvernement. Le roi républicain est désormais nu. Car elle n’est pas partie à n’importe quel moment. Il y a une éthique qui ne pouvait se satisfaire du reniement des valeurs de gauche. Celle qui a défendu le mariage pour tous n’a pas voulu cautionner le ralliement du gouvernement aux réactionnaires. L’enfumage auquel on assiste sur la réforme constitutionnelle est une insulte à l’intelligence.

Au final, il sera gravé dans la constitution ainsi que la déchéance de nationalité. Sans mentionner clairement les binationaux nés en France? En réalité, ils seront les seuls concernés puisque la France va ratifier une convention interdisant de fabriquer des apatrides. Christiane Taubira a rompu parce que cette réforme constitutionnelle est elle-même un acte de rupture avec l’identité de la gauche.

Françoise Verna (La Marseillaise, le 28 janvier 2016)

Repères

Rassemblement. Les 122 associations et 19 organisations syndicales regroupées autour de l’appel « Nous ne cèderons pas » appellent à manifester samedi contre le projet de constitutionnalisation. A Paris, le cortège se rassemblera à 14h30, place de la République.

Dans nos régions. Samedi : Toulon (11h, place de la Liberté), Draguignan (10h, place R. Cassin), Marseille (15h30, place S. Carnot), Martigues (10h30, place J. Jaurès), Arles (14h30, place de la République), Nîmes (14h30, Palais de justice), Montpellier (14h30, Maison des Syndicats).

40.325 signatures ont été récoltées pour la pétition « pour nous, c’est définitivement non ! »« à une réforme constitutionnelle imposée sans débat, en exploitant l’effroi légitime suscité par les attentats ».

Human Right Watch pointe la France. Les craintes suscitées par les attentats islamistes, notamment en France, et l’afflux de migrants ont fait reculer les droits de l’homme en Europe en 2015, a soutenu hier l’organisation Human Rights Watch (HRW). « Cette peur a conduit à la montée de l’islamophobie, et au saccage des droits fondamentaux, notamment la vie privée, sans aucune preuve d’une véritable efficacité de ces mesures » a dénoncé le directeur de l’ONG, Kenneth Roth, en présentant les 650 pages de son rapport.

La Marseillaise, le 28 janvier 2016

Goodyear. La ligne rouge est franchie

le 26 janvier 2016

Goodyear. La ligne rouge est franchie

Lancement d’un comité de soutien dans les Bouches-du-Rhône « non à la criminalisation syndicale/relaxe pour tous les Goodyear ». Face à l’injustice, la colère vire à la mobilisation générale.

« Derrière cette attaque frontale, c’est l’ensemble du mouvement social qui est menacé », tempête Olivier Mateu, Secrétaire de l’UD CGT 13, « que le gouvernement s’attende à passer de mauvais moments. » En clair, l’affront sans précédent d’un gouvernement dit socialiste à la botte d’un patronat débridé par les politiques d’austérité, et soutenu par un tribunal, alors que les plaintes sont retirées, ne passera pas. Affichage, pétition nationale, manifestations de soutien aux 8 condamnés de Goodyear (nationale le 4 février) vont fleurir le paysage français, sans relâche jusqu’à la relaxe.

Pour avoir voulu empêcher la fermeture de leur usine et défendu leurs droits, 8 salariés de Goodyear écopent de 2 ans de prison dont 9 mois ferme, autant dire qu’ils sont placés au rang de délinquants. Du jamais vu. Le gouvernement Valls semble vouloir faire un exemple de répression syndicale en mettant procureurs et forces de police au service des grands groupes industriels afin de mater toute résistance à la destruction d’emplois. Une décision inique qui ne peut que provoquer un raz-de-marée d’oppositions.

Venue de l’ensemble des forces progressistes, des syndicats, du monde de la culture (Quartiers Nord et Massilia Sound System sont déjà signataires), de personnalités et de citoyens, des voix s’élèvent pour crier leur indignation. Plus de 150.000 pétitionnaires ont rejoint l’appel national au soutien et une campagne est en marche. Dès ce matin à Marseille, « c’est avec une banderole Goodyear qu’on ouvrira le cortège de la manifestation pour les services publics », annonce l’UD CGT, qui ne sera pas seule, engagée depuis des mois dans un mouvement de convergence des luttes et invite à parapher sur relaxgoodyear13@orange.fr.

« Pas être une main d’œuvre qui se tait »

« Voilà 7 ans qu’ils en bavent, sont mangés à toutes les sauces et qu’on ne compte plus les suicides, immolation par le feu ou balle dans la tête, qu’on a une moyenne de 2,5 accidents de travail par jour », décrit Philippe Dufaux, délégué syndical CHS chez Goodyear et gardé à vue 24 heures. Avant de préciser : « Alors qu’on avait un accord de fin de conflit sans poursuite, que les plaintes ont été retirées, le procureur s’acharne. C’est clairement une décision politique. » D’où l’absolue nécessité de faire front.

« Quand la répression commence ici, elle se poursuit ailleurs et dans cette dérive droitière de la société, personne n’est à l’abri du licenciement et maintenant du tribunal », estime pour la FSU, Alain Barlatier. Dérives dangereuses pour l’avenir, craignent les JC qui refusent de devenir la variable d’ajustement des entreprises pour gagner en profit : « Nous ne voulons pas être une main d’œuvre qui se tait. »

Pour le PCF 13, Pierre Dharréville confirme : « Une République qui agit ainsi n’est plus une République. » Et Frédéric Alpozzo pour la CGT marins torpille : « On est où là ? Il n’y a plus de séparation des pouvoirs. La justice ne s’exerce plus. Non seulement elle n’est pas indépendante mais elle est poreuse. Et ils n’ont plus de limites. Toutes les lignes rouges ont été franchies. Si on ne sauve pas ces 8 là, il y en aura d’autres derrière. » Quand Hélène Le Cacheux, pour le PG, s’étonne « qu’il n’y ait pas plus de débordements vu la violence patronale et gouvernementale qui s’exerce ». Ainsi, sur la même ligne de combat, on trouvera également Solidaires, Rouge Vif ou le NPA 13 pour qui « la justice de classe se déchaîne et l’État d’urgence ne sert qu’à terroriser les jeunes de banlieue, les syndicalistes, les salariés qui luttent pour l’emploi, les écologistes... »

Encore un mauvais pas à droite du gouvernement Hollande, qui devra faire marche arrière sous peine de clash généralisé. Rémi Jean du mouvement Ensemble ! hisse les ouvriers de Goodyear au titre « d’exemple de résistance du mouvement social contre la volonté politique de le briser ». Laisser faire serait cautionner une politique qui conduit à la fin de l’État de droit. À vos pétitions citoyens !

Myriam Guillaume (La Marseillaise, le 26 janvier 2016)

Pierre Laurent. Pas de compromis sur la déchéance de nationalité

le 18 janvier 2016

Pierre Laurent. Pas de compromis sur la déchéance de nationalité

Le Secrétaire national du Parti communiste Pierre Laurent a estimé hier qu’il n’y avait « pas de compromis possible » sur la déchéance de nationalité et a vivement critiqué le Premier Ministre Manuel Valls sur cette question. « Il n’y pas de compromis possible, c’est une mesure totalement inutile contre la lutte contre le terrorisme », a déclaré le Sénateur de Paris. Le numéro un du PCF a dit ne « pas comprendre » que la Ministre de la Justice Christiane Taubira, opposée à la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français condamnés pour des crimes terroristes, reste au gouvernement, tout en soulignant que « c’est une décision qui lui appartient ». Pierre Laurent s’en est également pris à Manuel Valls, qui a estimé, lors du talk-show « On n’est pas couché » diffusé samedi soir sur France 2, qu’être Français « ce n’est pas seulement un bout de papier, ce sont des valeurs ». « Ça veut dire quoi ? Qu’il y a de bons Français et des mauvais Français ? Qu’on va trier ? », s’est indigné le dirigeant communiste. Il a également dit ne pas comprendre le chef du gouvernement quand celui-ci évoque un « antisémitisme d’extrême gauche », comme il l’a encore fait le 9 janvier lors de la cérémonie d’hommage aux victimes d’Amédy Coulibaly, un an après la prise d’otages meurtrière du supermarché Hyper Cacher. « C’est notre histoire (au Parti communiste) de nous être dressés contre l’antisémitisme et contre tous les racismes. Donc je ne comprends pas cette déclaration. Elle est très étrange », a jugé Pierre Laurent.

La Marseillaise, le 18 janvier 2016

Goodyear. Appels aux Organisations Syndicales, Associatives et Politiques

le 18 janvier 2016

Bourse du Travail
Salle Jaurès
23, boulevard Charles Nédelec
13003 - Marseille

Mercredi 20 janvier à 17h30

Chers(es) Camarades,

La condamnation à 2 ans de prison dont 9 mois fermes prononcée à l’encontre des salariés de Goodyear a suscité une énorme émotion mais aussi une grande colère à l’encontre du gouvernement et du patronat. De manière légitime, tous les progressistes ont exprimé immédiatement leur désaccord avec cette décision inique ainsi que leur solidarité avec les travailleurs concernés.

En effet, il est intolérable, injuste et dangereux, tant pour notre système démocratique que pour le monde du travail, que la justice vienne sanctionner des travailleurs dont le seul crime est d’avoir lutté pour le maintien de leur emploi et leur dignité.

Malheureusement, dans notre pays, cela devient la règle et trop souvent, les militants qui mènent le combat contre les décisions antisociales du patronat et du gouvernement se voient condamner ou menacer de l’être pour empêcher toute résistance. Nous avons nous aussi, dans le département, de nombreuses Organisations et beaucoup de militants, soit condamnés, soit sous le coup de procédures en cours.

L’accélération par le gouvernement, aux ordres du patronat, de ce processus de criminalisation de l’action syndicale, illustre concrètement leur volonté de s’en prendre à tout ce qui constitue notre modèle social pour imposer partout la domination du marché au détriment de l’intérêt général.

Nous connaissons tous leurs intentions et nous ne les laisserons pas faire. Dans de telles circonstances et dans une période où le gouvernement s’attaque frontalement aux libertés individuelles et collectives, la riposte du camp progressiste se doit d’être à la hauteur pour défendre les valeurs de justice sociale et de solidarité.

Dans ce contexte, nous vous proposons une rencontre de nos Organisations afin de partager nos analyses et décider ensemble des initiatives que nous pourrions prendre pour contribuer à la mobilisation autour, à la fois des Goodyear, mais aussi de toutes et tous nos militants qui subissent la répression du pouvoir et du patronat.

Bien fraternellement.

Olivier Mateu
UD CGT 13

Relaxe pour les huit de GoodYear. L'ADECR 13 s'associe à l'appel de la CGT et invite les élu(e)s à signer la pétition

le 14 janvier 2016

Relaxe pour les huit de GoodYear. L'ADECR 13 s'associe à l'appel de la CGT et invite les élu(e)s à signer la pétition

"Il est du devoir des syndicalistes de se battre pour sauver les emplois et le développement économique et social de nos territoires. Il est du devoir des syndicalistes de rétablir des liens sociaux trop souvent rompus par désespoir social. Il est du devoir des syndicalistes de dénoncer les stratégies des actionnaires, affairistes et liquidateurs, qui ont pour seul objectif de s’enrichir au détriment de tous les autres. Il est du devoir des syndicalistes d’alerter sur les politiques économiques désastreuses menées par les gouvernements successifs. C’est pour avoir accompli leurs devoirs de syndicalistes que les huit de Goodyear viennent d’être condamnés à vingt-quatre mois de prison dont neuf mois ferme ! Après sept ans de lutte face à la multinationale Goodyear marqués de conflits durs avec un patronat violent, usant de manœuvres indignes, l’entreprise a finalement fermé ses portes pour s’installer en Russie. Rien n’est dit de la violence des employeurs qui, face à des propositions pour maintenir et développer l’emploi, ne répondent que par le mépris, les licenciements et la répression. C’est une des condamnations pénales les plus lourdes de ces trente dernières années. Cette condamnation s’inscrit dans un mouvement de criminalisation de l’action syndicale, qui s’accentue jour après jour. La répression syndicale est une stratégie qui va bien au-delà des rangs du patronat, puisque le procureur de la République a décidé de poursuivre les militants de Goodyear, alors même que l’entreprise avait abandonné toutes les plaintes. Le gouvernement a décidé d’intimider tous les salariés qui se battent pour leurs droits et leurs emplois. Ce sont les fondements mêmes de notre démocratie qui sont atteints lorsque les libertés syndicales sont attaquées. Les huit militants doivent être relaxés."

Syndicalistes, juristes, universitaires, responsables politiques, créateurs ou artistes, plus de 200 personnalités se sont déjà associées à cet appel.

Les signatures sont à adresser à : cabsg@cgt.fr ou à communiquer au 01 55 82 83 06

 

Good-Year. Communiqué du Parti communiste Français

le 13 janvier 2016

Good-Year. Communiqué du Parti communiste Français

La peine infligée hier aux huit salariés de Goodyear accusés de défendre leur entreprise et l'emploi est d une extrême gravité et appelle à une riposte d ampleur : comme tout récemment à Air France, elle est une atteinte insupportable aux droits de salariés, de syndicalistes de défendre leurs emplois, en défendant par là même   l'intérêt de populations et de territoires saignés par les choix de grands Groupes dont la seule boussole est la rémunération des actionnaires au détriment de l'intérêt général. 

Elle est aussi plus largement, au même titre que le projet de déchéance de la nationalité, une atteinte à la République et à ses valeurs : peut-on faire vivre les valeurs de liberté,  d'égalité, de fraternité en criminalisant l'action syndicale,  en interdisant aux salariés d'intervenir sur les choix de leur entreprise ? Contester les choix stratégiques patronaux, avancer d'autres propositions  doit-il devenir un délit  puni de prison ferme ? 

Nous ne l'acceptons pas,  nous ne le supportons pas ; nous n'acceptons pas que la dérive sécuritaire dans laquelle le gouvernement cherche à nous enfermer s'accompagne de violations des droits syndicaux et citoyens, des Droits de l'Homme. 

Le Parti communiste français,  ses parlementaires, ses élus,  ses militants expriment avec une immense fraternité leur soutien et leur solidarité aux salariés de Goodyear. Ils exigent l'annulation de ce jugement inique  et, au-delà, l'amnistie pour tous les militants syndicaux condamnés, conformément à l'exigence portée par le Groupe communiste républicain et citoyen au sénat. Ils portent l'exigence de moratoires immédiats dès l'annonce de licenciements ou suppressions d'emplois pour permettre aux salariés et à leurs représentants, aux populations et élus des territoires concernés de débattre de propositions, à égalité avec les représentants des directions et avec des droits renforcés en ce domaine. 

Nous sommes disponibles et mobilisés pour toute action, tout débat en ce sens, pour que se lève dans ce pays l'espoir d'une alternative aux politiques d'austérité et à la mainmise de la finance sur les choix économiques et industriels du pays. Disponibles et mobilisés pour une extension des droits et des libertés au lieu de politiques de répression et d'étouffement des contestations.

Pour une République dont il est désormais urgent de redonner sens, celui de la démocratie et des droits pour tous.

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Violences. Du déterminisme à la prise de conscience

le 13 janvier 2016

Violences. Du déterminisme à la prise de conscience

Caractéristique d’un climat national délétère, l’agression d’un enseignant juif, lundi à Marseille, est fermement condamnée par les acteurs associatifs locaux.

L’agression d’un enseignant juif lundi à Marseille continue d’entretenir le spectre de la xénophobie dans « le pays des droits de l’Homme ». Une attaque, qui vient s’ajouter à la longue liste des violences racistes touchant les communautés présentes sur le territoire, que le monde associatif et progressiste local dénonce avec vigueur.

En premier lieu, le Centre démocratique kurde de Marseille, par l’intermédiaire de son porte-parole Salih Soylemez. « Nous condamnons fermement ce crime odieux », clame-t-il, tout en rappelant « le combat permanent des Kurdes contre Daech », dont le jeune auteur des faits s’était réclamé. Tous les acteurs associatifs interrogés convergent vers un constat : celui d’« un climat social très dangereux ». « Le racisme est une gangrène qui se nourrit des problèmes quotidiens de la société », ajoute-t-il.

« Climat de guerre civile entretenu »

« On a l’impression qu’on nous prépare à la guerre », souligne, quant à elle, Horiya Mekrelouf, Présidente du Mouvement contre le racisme et l’antisémitisme (Mrap 13). L’administrateur du centre social Saint-Gabriel, Gérard Perrier, se charge d’enfoncer le clou : « Le gouvernement est en cause. Il entretient un climat de guerre civile. Aujourd’hui il n’y a plus de digues, aussi bien morales que politiques. » « État d’urgence », « déchéance de la nationalité ». Autant de termes qui constituent le terreau fertile de violences xénophobes.

« L’État ajoute de la confusion à la confusion, comme l’illustre un récent discours de Manuel Valls tendant à montrer que ceux qui s’opposent à Israël favorisent la montée de l’antisémitisme », pointe Pierre Stambul, Président de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Au regard des témoignages, le climat délétère en France n’est pas à négliger dans le relent xénophobe. Pour autant, occulte-t-il la responsabilité individuelle de chacun ? Le gamin ayant agressé l’enseignant juif ne présentait « pas de signes avant-coureur ». « Les Kouachi et Merah étaient des produits de l’école française », explique Pierre Stambul qui raconte ses interventions à l’école de la Busserine. « Les enfants me disaient : on ne savait pas qu’il y avait des juifs comme vous. La sous-information participe à un état de réflexion primaire », ajoute ce militant pacifiste anti-sioniste.

Pour tous ces acteurs de terrain, « droitisation de la société », « crise économique et libéralisme » ont pour le moment raison des consciences individuelles. Ces dernières résultent « de l’éducation, de leur développement et de la distraction des effets du monde perturbée par les guerres », selon Gérard Perrier. L’agression du professeur de l’école hébraïque est, pour lui, « le fruit d’une vieille histoire de l’antisémitisme qui n’a jamais vraiment disparue. On accole aux juifs l’image du pouvoir, des médias, du fric. C’est le complot qui ressurgit en temps de crise ».

L’agression de lundi a déclenché récupération politique et déferlement médiatique immédiats. « Des actes islamophobes se produisent fréquemment et l’État reste silencieux », lâche Pierre Stambul. Un état de fait orchestré par une partie de la classe politique qui n’excuse en rien l’agression dont a été victime le professeur juif, symbole d’un racisme qui fait tache d'huile en ces temps troublés.

Philippe Amsellem (La Marseillaise, le 13 janvier 2016)

Réfugiés. En France la solidarité s’exprime du Nord au Sud

le 20 septembre 2015

Réfugiés. En France la solidarité s’exprime du Nord au Sud

Manifestations de soutien hier à Calais et à Béziers pour réclamer un accueil enfin digne des migrants et contre les discours de haine et de repli.

Alors que des milliers de réfugiés sont bloqués dans les Balkans, entre 2.000 et 3.000 personnes ont participé samedi à une marche pour souhaiter la « bienvenue » aux migrants à Calais (Pas-de- Calais), demandant notamment aux pays européens d’adopter une « politique plus digne ».

Après un rassemblement devant le centre d’accueil Jules-Ferry à midi, des prises de paroles de migrants dans leur langue respective ont eu lieu au sein de la « New Jungle » situé sur la rocade calaisienne et qui abrite près de 3.000 migrants, pour demander au Premier ministre britannique David Cameron et à l’Union européenne « d’ouvrir les frontières ». Cet appel, lancé par plusieurs associations locales dont le Secours catholique, l’Auberge des migrants ou encore Médecins du monde, a réuni de nombreux migrants mais aussi plusieurs membres d’associations, notamment des Britanniques.

Plusieurs manifestations de migrants se sont déroulées ces dernières semaines à Calais mais, encadrées par des militants « No border » qui luttent pour l’abolition des frontières de par le monde, elles ne dépassent généralement pas quelques centaines de personnes.

Les manifestants, entre 2.000, selon la Préfecture, et 3.000, selon les organisateurs, armés de pancartes accusant l’Europe d’être « en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente » ou refusant « une Europe barbelée », se sont ensuite dirigés, sous un soleil radieux, vers le port de Calais. Une minute de silence y a été observée en hommage aux 10 migrants morts depuis fin juin alors qu’ils tentaient de rejoindre la Grande-Bretagne qu’ils considèrent comme un eldorado. L’un d’eux est mort jeudi soir, électrocuté sur le site du tunnel sous la Manche en territoire français en tentant de monter sur une navette de ferroutage.

De 500 à 700 manifestants à Béziers

Environ 3.000 migrants, venus principalement d’Afrique de l’Est, d’Afghanistan et de Syrie, se trouvent dans la région du Calaisis dans l’espoir de rejoindre l’Angleterre. En comptant les clandestins présents dans un camp de Grande-Synthe, à une quarantaine de km de Calais, ce sont environ 4.000 migrants qui sont présents dans la région.

A Béziers, De 500 à 700 personnes, selon la police, ont manifesté à Béziers (Hérault) en soutien aux réfugiés et contre le Maire d’extrême droite Robert Ménard après la publication, dans le journal municipal, d’un photomontage contre les réfugiés. Les manifestants ont défilé du théâtre de la ville jusqu’à la mairie. Les uns après les autres, sous le porche de la Mairie, les manifestants ont déchiré le journal municipal en criant « Ménard démission ». « Il faut scolariser les enfants », « Il faut aider les réfugiés, les accueillir » ou « qu’ils soient d’Oran ou d’Homs, ils sont tous des réfugiés », était-il écrit sur des banderoles. Le journal municipal de Béziers a récemment suscité une nouvelle polémique en publiant dans son dernier numéro un photomontage nauséeux laissant penser que les réfugiés allaient envahir la ville de Béziers.

Le cliché, pris en juin en Macédoine par un photographe de l’AFP, montre des hommes, des femmes et des enfants s’apprêtant à monter dans un train. Mais sous le titre « Ils arrivent, le dossier des demandeurs d’asile à Béziers », le journal municipal a ajouté deux affichettes sur deux fenêtres du wagon : « Béziers 3.865 km » et « Scolarité gratuite, hébergement et allocation pour tous ! ».

L’AFP a assigné en justice la ville de Béziers et son Maire Robert Ménard.

La Marseillaise, le 20 septembre 2015

Solidarité avec tous les réfugiés

le 18 septembre 2015

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